Avant-Propos de Bernard Création novembre 2010

Un mot sur mon père et sa famille, tout en vous instruisant de vos parentés, vous facilitera la lecture de cette correspondance, toujours pleine du souvenir de ses parents et amis vers lesquels va sa pensée.


Justin de Bonne 1773-1843
& 1804 Antoinette de Saint-Martial †1807
& 1811 Thérèse Pigot
1779-1853
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Justine
de Bonne
1806
Louis
de Bonne 1812-1882
Casimir
de Bonne
1813-1871
Élisabeth
de Bonne 1814-1852
Henri
de Bonne
1817-1898
Mathilde
de Bonne 1820-1893
Ferdinand
de Bonne 1824-1901
& 1825 Léon de Bonne & 1844 Amélie de Coignac †1896 & 1860 Angélique de Sahuqué 1826-1902
& 1857 Blanche de Monstron de Sauton d’Escouloubre 1831-1909
& Caroline de Montredon
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Gardès
d’Welles
Bernard de Bonne 1861-1940 Louise de Bonne
de Bordas
de Carbonel
de Saint-Julien
& Marie Thérèse Lamarque 1866-1945 & Elie d’Aupias de Blanat
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Henriette 1898-1980 & Robert Guillou
Geneviève 1900-1973 Thérèse1882-1911 & Pierre de Verthamon

Justine de Bonne

La demi-sœur de Casimir, Justine, fille du premier mariage de mon grand-père, épousa en 1825, son cousin, Léon de Bonne, de la branche de Ronel ; des six enfants qu’elle eut, deux filles seulement ont laissé des descendants que vous connaissez bien : les Gardès, d’Welles (prononcer d’ouelle), de Bordas, de Carbonel et de Saint-Julien.

Dans les années 30, la famille voyait ces cousins, dont il reste probablement des descendants.

Casimir écrira une fois à Justine le 25 mai 1829 et la citera .

Justin et Thérèse de Bonne

Mon grand-père, Justin de Bonne, ancien capitaine à l’armée de Condé, s’était marié, en premières noces, au retour de l’émigration, avec une demoiselle de Saint-Martial Justin. Veuf de très bonne heure, avec une seule fille Justine, il épousa Thérèse Pigot à Saint-Pons. C’est de ce second mariage qu’était né Casimir qui avait 3 frères, 2 sœurs et en plus une demi-sœur.

Antoinette de Saint-Martial, née le 25 juin 1786 à Castres, décédée en 1807 à Saint-Pons

Louis

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Je le vois habillé d’un large pantalon gris perle, d’une ample redingote bleue et coiffé d’un chapeau gris à grands bords, m’accueillant toujours avec un bon et large sourire, la lèvre inférieure un peu épaisse et un reflet brillant dans ses yeux gris. Il a mérité la considération de tout le pays et, comme son frère Casimir, a laissé un profond souvenir dans le Castrais.

Casimir lui a écrit au moins les 34 lettres et le cite aussi . Les lettres que nous avons :

  • 1844 depuis le Maroc

  • 1846-47 depuis Haïti

  • 1848 depuis la France

  • 1849-50 en Méditerranée

Casimir nous aide à le connaître quand il écrit à sa mère : « Louis fait sans doute quelque nouvel opéra. »

Amélie

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Casimir sera aussi très proche d’Amélie à qui il écrira les 17 octobre 1845, 9 février 1846. En particulier, dans cette dernière lettre, pour accompagner une cravache d’une phrase que j’aime à citer :

« Je vous destine une cravache en caoutchouc blanc qui vient de la Chine. Elle est assez laide, peu commode, mais rare. Voyez de vous en arranger. »

Casimir

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Je reviens à mon père, né à Saint-Pons-de-Thomières (Hérault) en mars 1813.

Casimir est né d’un père de 40 ans et d’une mère de 34 ans.

Je ne sais quels furent ses parrains, mais il reçut le nom de Casimir qu’il est le premier à porter dans toute la lignée des de Bonne qui nous ont précédés. Son nom lui fut-il donné par mon aïeul qui se souvenait de son séjour en Pologne pendant l’émigration ? Je l’ignore, En tout état il l’a porté avec honneur.

Justin avait tout aussi bien pu s’inspirer de ses voisins et amis à Saint-Pons, parmi :

  • Casimir André Amans Guiraud, en 1785

  • Jean Louis Casimir Dominique Sauveur Poumayrac de Rieuvergnet, né en 1783

Il avait onze mois de moins que son frère Louis, en conséquence de ces âges si rapprochés, ils ne se quittèrent guère de leur enfance et de leur jeunesse. De là vint une grande intimité qui ne cessa pas lorsque mon père entra à Brest à l’École Royale de Marine.

Laissez-moi alors vous rappeler ce qui advint à ma Grand-mère quelques dix ans avant l’époque dont je vous parle.

Mon grand-père, Justin de Bonne, était sous-préfet de Saint-Pons (c’était donc peu de temps avant 1830, puisqu’il donna sa démission à l’avènement de Louis-Philippe) ma pauvre grand-mère fut prise d’une rage de dents épouvantable. Il fallait, pour la soulager, arracher la dent cause de tout le mal. Il n’y avait pas de dentiste à Saint-Pons, ni personne capable de le remplacer. Le praticien le plus proche était à Castres. La diligence qui faisait le trajet entre ces deux villes ne partait qu’une fois par semaine et la semaine eut été longue pour la pauvre patiente. Mon grand-père n’hésita pas. Il partit à cheval avec Madame la sous-préfète en croupe, et fit ainsi 54 kilomètres. Puisse ce souvenir vous calmer quand vous vous énervez pour quelques quarts d’heure d’attente chez un dentiste.

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Les deux frères passèrent leurs premières années, l’hiver à Saint-Pons et l’été à Lostange que mon grand-père venait d’acheter. Par cette installation aux portes de Castres, notre famille se rapprochait de ses intimes amis, les Villeneuve à Hauterive et les Gaïx, puis de Blay à Gaïx.

Je me souviens à la fin des années 1970 quand ma grand-mère Henriette de Bonne-Guillou me faisait la réflexion alors que je lui annonçais que j’allais traverser la région pour une soirée que dans sa jeunesse on fréquentait les amis que l’on pouvait aller voir à cheval. Nous en avons ici une illustration éloquente.

Le château de Gaïx a été acheté en 1719 par la famille de Richard pour devenir de Richard de Gaïx. Elle le conserve jusqu’en 1848 où il passe dans la famille de Blay, qui devient de Gaïx aussi.

Cet important château défendu par une quinzaine de tours, de fortes murailles et de fossés a longtemps été l’un des plus importants de la région. Il a été le lieu de rassemblement de royalistes pendant la révolution, ce qui a valu la démolition des restes de fortifications le 24 nivôse an VI.

Angélique

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Bernard ne nous a laissé aucun commentaire sur sa mère. Son arrière-petite-fille Anne de Langautier se rappelait que dans la famille, il se disait qu’Angélique aurait refusé d’épouser Casimir ne pouvant supporter un prénom aussi ridicule.

Angélique de Sahuqué avait été marié une première fois avec Jean Cabanis avec qui elle a eu un fils Joseph (1845-1905) qui a épousé Marguerite Belbèze, parents à leur tour de :

  • Mélanie qui a épousé M. Lasvigne, sans enfant,

  • Gaston qui a épousé, x, veuve de M. Laportalière dont il a élevé les 4 enfants dont José Cabanis l’académicien,

  • Paul qui a épousé Geneviève Mestre pour donner Marguerite, Jean, Hubert et Alain.

Pour finir, on remarquera dans les documents d’état civil fournis à l’occasion de son mariage que l’usage de la particule est apparu progressivement chez les Sahuqué. Je ne sais pas si Bernard le savait, lui qui est connu pour avoir envoyé à Toulouse des faire-part annonçant : « M. de… a la joie de vous faire part de son récent anoblissement. »

Je donnerai à l’oral à ceux qui me le demanderont le nom en question que je ne peux écrire.

Henri

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Henri avait 4 ans de moins que son frère Casimir.

Nous savons peu de choses d’Henri et Blanche, Bernard nous en a dit peu de choses hormis qu’il était officier et qu’ils ont eu deux filles et une seule petite-fille qui n’a pas laissé de postérité

Henri avait 5 ans de moins que Casimir et les deux frères ont très peu vécu ensemble. Leur intimité devait être limitée, à la lecture des extraits des lettres de Casimir :

  • 1828 : Laissant Louis et Henri à Juilly.

  • 11 décembre 1838 : J’attends avec impatience une lettre d’Henri

  • 10 avril 1840 : J’ai reçu une longue lettre d’Henri

  • 14 décembre 1841 : Il est singulier que nous nous fuyions toujours.

  • 9 février 1846 : Monsieur Ferdinand et Monsieur Henri sont muets comme des carpes. Je n’ai pas de leurs nouvelles depuis bien longtemps.

  • août 1847 : Messieurs Henri et Ferdinand ne m’ont pas fait l’honneur, de m’écrire, ce dernier surtout que j’avais chargé d’une commission pour Fould.

  • 6 mars 1847 : Quant à Henri, tu ne lui demanderas pas mes fonds, mais tu attendras, sans lui en parler, qu’il puisse te les rendre.

  • 7 juillet 1848 : Nous avons longtemps travaillé à chercher un protecteur à Henri.

  • 27 décembre 1849 : Je n’ai pas de nouvelles d’Henri depuis un siècle, je sais seulement qu’il n’est pas venu en congé, comme il se l’était proposé.

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Louise de Bonne – d’Aupias

De tous ces oncles de Bonne de la branche de Lostange, il ne reste que la fille du Colonel Henri de Bonne, Louise, veuve de ce cher ami et cousin, Elie d’Aupias, ma cousine germaine.

Je la nomme cousine et c’est plus justement demi-sœur que je devrais dire. Je l’aimais déjà tendrement, cette bonne Louise, à cause de son toujours aimable accueil et de la bonne amitié qui nous unit depuis notre bas âge ; mais cette affection a grandi quand j’ai connu, dans ses malheurs, son noble caractère. Je suis heureux de voir combien vous aussi vous l’aimez et vous demande de lui en continuer toujours le témoignage.

Louise et Elie d’Aupias ont eu une fille Thérèse qui a épousé Pierre de Verthamon, elle est morte à 29 ans sans descendance. Ce dernier a été sur le tard très proche de sa cousine par alliance Geneviève de Bonne.

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Élisabeth et Mathilde

Élisa avait un an de moins que Casimir et Mathilde 7 ans. Elles ne se sont pas mariées et ont sans doute passée leur vie à Saint-Pons.

Élisa, était parait-il très jolie et avait une voix charmante, elle mourut à 36 ans.

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Mathilde, caractère ardent, femme de haute piété, toute dévouée à ses frères qu’elle tyrannisait cependant un peu.

La tradition familiale a retenu que Bernard n’appréciait pas sa tante Mathilde, « tyrannisait un peu » est sans doute un euphémisme.

Bernard a retrouvé une lettre écrite par Casimir le 4 septembre 1848.

Casimir a parlé de ses sœurs dans  :

Ses sœurs

  • 14 septembre 1839 : Pour ces demoiselles, elles sont sans doute trop paresseuses pour prendre la peine de m’écrire.

  • 14 août 1839 : Prévenez ma mère et ces demoiselles que je leur ai acheté des babouches délicieuses.

  • 24 août 1839 : Je ne sais comment vous expédier des babouches pour ma mère, Justine et ces demoiselles.

  • 14 décembre 1841 : J’ai ramassé une collection de graines de toutes couleurs que je destine, si je ne fais pas naufrage, à ces demoiselles et à la petite Didine […] mes sœurs [ont fait] quelques fauteuils à la Voltaire

  • 6 mars 1847 : Ces demoiselles ont appris hier qu’elles avaient changé de modiste à cause des opinions politiques du père

  • 16 juillet 1848 : J’ai prié Rivière, le Capitaine de frégate, de passer à la maison à Saint-Pons. J’ai pensé que Mathilde, serait flattée de voir quelqu’un qui a vu les missions en Chine. Je ne sais pas s’il l’a fait.

  • 31 novembre 1848 : Mes sœurs n’ont jamais le sou, si elles ont besoin d’argent avance leurs ce dont elles auront besoin.

Ferdinand

Ferdinand de Bonne, de beaucoup plus jeune que ses frères (né en 1824) et d’un tempérament délicat, avait été gâté à l’excès par sa mère. D’abord sur numéraire au Ministère des Finances à Paris, il était, en 1848, nouvellement nommé lieutenant des douanes à Ax-les-Thermes.

Casimir parle de lui :

  • 11 décembre 1838 : Faites, je vous prie, mes compliments à Ferdinand sur la bonne résolution qu’il vient de prendre de coucher et vivre au Séminaire. Cela annonce qu’il n’est plus un enfant, mais un jeune homme plein de résolution et de fermeté.

  • 14 décembre 1841 : Que fait Ferdinand à Sorèze. Le destinez-vous à quelque chose et travaille-t-il ?

  • 4 septembre 1847 : Je t’écris toute hâte pour te prier d’envoyer le plus tôt possible trente francs Ferdinand pour qu’il puisse payer les lettres que je lui écris à Paris, et auxquelles il répond par des occasions parce qu’il n’a pas probablement de quoi les affranchir.

  • 7 juillet I848 : Je n’ai pas eu ni le temps ni l’occasion d’écrire à Ferdinand. Je lui parlerai dans le même sens que toi : c’est-à-dire, à ne pas autant ouvrir la bouche, à diminuer ses gestes et à parler moins, si toutefois cela lui est possible.

  • 24 mai 1848 : Monsieur Ferdinand était parti de Paris peu de temps avant mon arrivée ; je suis bien aise qu’il soit absent de Paris dans ces moments de trouble et de patrouille.

  • 4 septembre 1848 : Je ne sais si je t’ai dit que j’avais reçu une lettre de lui dans laquelle il me racontait qu’il avait fondé un cercle politique concurremment avec un autre gros bonnet de l’endroit, surnuméraire aux postes ou à l’enregistrement. Je suppose qu’en sa qualité de parisien, il doit avoir une certaine influence dans la localité. J’espère toutefois qu’il ne se fera pas prendre à grippe.